Agnelages

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DSC_0668C’est l’hiver, les agnelages ont commencés, fini les grandes balades dans la forêt avec les brebis de peur de perdre un agneau qui se serait endormi au pied d’un arbre et qui perdrait ainsi son troupeau et sa mère.

Il fait soleil, le temps est beau comme jamais en hiver, je dois même porter de l’eau.

Quand j’arrive le matin aux brebis je regarde ce qui se passe j’espère que tout va bien, et en général c’est le cas. J’aperçois les agneaux nouveaux nés tout de suite car la brebis s’est mis un peu à l’écart pour agneler. J’attrape le petit, je lui pose une petite boucle provisoire, et je note la boucle de la mère.

Rapidement le petit et sa mère se fondent dans la masse, mais l’ambiance du troupeau change. Je rallie les grandes prairies d’un seul tenant pour avoir le moins que possible à transhumer. Cela donne une tranquillité à la mise bas, les petits ne se fatiguent moins et les brebis sont moins inquiets.

Maintenant quand je déplace le troupeau, je ne peux plus partir tout simplement d’un pas alerte d’un endroit à l’autre. Je sollicite de l’aide pour pousser l’arrière du troupeau, car les chiens ne peuvent plus faire ce travail, les brebis défendent leur petit avec ardeur, attaquent les chiens, et si je laisse faire, chiens et brebis se lancent dans des batailles sans merci.

J’ai besoin d’une brebis qui défend courageusement son petit, car les dangers en plein champ sont multiples: renards et blaireaux ne demandent que ça, croquer les agneaux juste nés et sans défense. Ensuite il y aura le loup, mais ceci est une autre histoire, nous n’y sommes pas encore, merci bien.

J’ai choisi de laisser le troupeau ensemble tout le temps. Cela ne facilite pas la gestion, mais avoir des lots par ici et par là me ferait trop courir à droite et à gauche. Les brebis mettent bas à leur rythme, tout au long de l’hiver, parfois des dizaines par jour, parfois juste une ou deux ou aucune.DSC_0648

Le troupeau devient de plus en plus hétéroclite, il y des tout petits agneaux, des plus grands, les derniers agneaux à vendre au printemps, des grosses brebis lourdes prêtes à mettre bas……. Leurs besoins en nourriture sont différents: les jeunes ont faim. Ils aimeraient aller dans les bois manger glands et châtaignes, les mères ne voudraient pas trop s’éloigner de leurs petits, et les agneaux ont besoin de rien, ils mangent chaud.WP_20151210_007

Tout les matins je lâche le troupeau dans un bout de pré, comme ça les uns peuvent manger en bordure de bois et les autres peuvent rester auprès de leur petit juste né. Je passe mon temps à observer, comprendre, surveiller. J’interviens le moins que possible, j’ai confiance.

Il y a des histoire à raconter, il se passe plein de choses, des histoires drôles comme ce flouca noir (mâle castré) qui a adopté un petit mâle noir, en attendant que sa mère aille mieux, du coup ils s’en occupent ensemble, je les vois faire quand je garde, où bien ce petit agneau jumeau, dont la mère a du mal à s’en occuper et qui se fait adopter par une autre brebis pleine de lait. Des histoires moins drôles, de brebis qui n’arrivent pas a mette bas, car le petit est trop gros ou mal placé. Des fois il y a une brebis qui a souffert en mettant bas, le troupeau part, elle le suit sans un regard en arrière, et elle laisse son petit, qui lui a souffert aussi et ne peut pas suivre. C’est à moi de réagir vite, de rattraper la mère, de l’attacher à un arbre ou de la monter en voiture, de la forcer de rester avec son petit et de faire connaissance. Tout est dans la vitesse, une brebis, ça oublie rapidement, mais isolée avec son agneau, elle met à peine une heure pour s’en occuper et le tour est joué. Elle ne le quittera plus.

Des fois ça ne marche pas comme on voudrait, et tout les ans il y a quelques agneaux élevés au biberon. Ceux-là seront complètement apprivoisés, car ce sont des amis qui s’en occupent pendant deux mois, jusqu’au sevrage. Ils auront des noms, et ils resteront toujours autour des personnes. Ils ont été nourris par l’homme, et malgré une attention toute particulière de les garder dans leur milieu naturel, ils auront pas les mêmes comportements sociaux, car la brebis ne nourrit pas seulement son agneau, elle l’éduque aussi, chose qui manquera toujours à nos petits biberons.

BERGERIE